La spirale infernale du burn-out ou de la charge mentale parentale
Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, se caractérise, entre autres, par un épuisement physique et émotionnel. L’urgence absolue est le repos, l’arrêt de l’activité professionnelle devient nécessaire.
Mais qu’en est-il pour le burn-out parental (charge mentale) ? L’épuisement est bien là mais l’arrêt de la parentalité impossible…
Cette distinction de la posture « d’arrêt » est fondamentale. En y regardant de plus près, il existe de grandes similitudes entre le burn-out professionnel et la charge mentale parentale. Deux contextes différents : travail/vie familiale, deux traitements différents apportés par la société et pourtant si proche en terme de mécanisme.
La pente glissante du burn-out professionnel
L’image qui me vient est une pente glissante sur laquelle vous vous trouvez, tout en vous disant :
- Non je ne suis pas en burnout, je suis juste un peu fatigué(e), ça va passer.
- Je suis stressé(e) mais ce n’est pas un burn-out.
- Je peux gérer cette pression, cela fait partie de mon travail.
- J’y arriverai, je m’en sortirai, je suis solide.
- Je suis capable de surmonter ça tout(e) seul(e).
Et, la phrase ultime est celle que vous prononcez devant votre médecin qui vous préconise un arrêt de travail : « Non je ne peux pas m’arrêter, ce n’est pas possible… ». Lorsque votre médecin réussit à ce que vous acceptiez un arrêt alors, vous cherchez à en diminuer sa durée.
Si vous vous reconnaissez dans ces propos, soyez honnête avec vous-même : évitez de faire l’autruche. Mettre la tête dans le sable, en gardant une position de déni, n’a jamais empêché d’avoir des problèmes. Une situation critique prise tôt se résout plus rapidement et facilement que si vous attendez le dernier moment.
Oui, il faut du courage pour admettre que le burn-out vous pend au nez. Oui, cela va demander des efforts pour faire autrement. Oui, au début c’est inconfortable. Votre santé et votre bien-être mental en valent la peine mais c’est vous qui décidez.
Pris à temps, vous avez encore des moyens d’actions et la possibilité d’éviter l’épuisement qui vous immobilisera.
Pris lorsque vous vous effondrez, votre corps vous empêchera de passer à l’action et vous obligera à vous reposer comme jamais vous ne l’avez fait.
Vous vous réveillez un matin et vous lever devient impossible. Vous êtes comme cloué dans votre lit, tout mouvement vous demande un effort surhumain. Le burn-out est installé.
Le burn-out professionnel est remboursé par la sécurité sociale mais pas le burn-out parental
Le mot burn-out concerne l’aspect professionnel pourtant l’épuisement parental existe, on parle alors de charge mentale ou surcharge mentale.
En cas de burn-out, le médecin peut vous prescrire un arrêt de travail afin de vous reposer. Mais lorsque l’épuisement provient d’une charge mentale parentale arrêter de s’occuper de ses enfants relève d’une mission impossible. En plus, l’entourage et la société entendent et comprennent moins bien la pression et les responsabilités qui pèsent encore majoritairement sur les femmes. Ce phénomène impacte maintenant les hommes qui endossent ce rôle :
- Gestion du quotidien : courses, préparation des repas, entretien de la maison.
- Gestion des enfants : devoirs, activités sportive/artistique, routine du soir, rendez-vous chez le médecin, organisation des anniversaires…
- Gestion de son propre travail.
- Etre présente pour son/sa conjoint(e).
- Penser à tout le reste : organisation des vacances, soutien aux autres …
Et avec tout ça, vous oubliez de prendre soin de vous en adoptant certains de ces comportements :
- Manger sur le pouce le midi.
- Arrêter vos activités (physique, artistique…).
- Négliger votre sommeil : dormir devient une option avec tout ce que vous avez encore à faire.
- Sacrifier beaucoup de choses (carrière, temps pour soi…) pour les besoins des autres.
Par ailleurs, vous vous mettez une sacrée pression quand vous vous dites :
- Il faut que je sois à la hauteur.
- Un(e) tel(le) y arrive, alors pourquoi pas moi.
- Je dois tenir le coup.
- Je ne dois rien oublier.
Et en même temps, vous n’osez pas dire à votre entourage :
- Je suis fatigué(e).
- Je ne vais pas bien.
- Je n’en peux plus, je voudrais bien qu’on m’aide.
Voilà, le tableau est posé. Vous êtes épuisé(e). La réalité de la vie quotidienne devient incompatible avec l’image que vous vous faites de la super maman/papa. Oui, un(e) super maman/papa est imparfait(e). Oui, vous avez mis la barre trop haute. Oui, vous avez le droit, même le devoir de vous écouter. Pour cela, changer vos comportements va être nécessaire afin de pouvoir continuer à vous occuper de vos enfants.
La posture d’arrêt devient vitale et prendra plutôt la forme d’arrêter de faire certaines choses, d’accepter de les faire autrement.
Points communs entre le burn-out professionnel et la charge mentale
La quantité de pensées, de responsabilités et de sollicitations à laquelle vous êtes confronté(e) au quotidien provoque le phénomène de la charge mentale élevée ou de burn-out professionnel.
L’origine du burn-out professionnel et de la charge mentale, proviennent d’un excès :
- De stress.
- De pressions constantes que vous vous mettez ou que vous recevez de tierces personnes.
- D’accumulation de tâches à accomplir.
Sur une période prolongée, cela génère un manque de repos menant à un épuisement physique et émotionnel :
- Sentiment d’être débordé(e).
- Sensation de ne pas être à la hauteur.
- Perte d’énergie, constamment fatigué(e).
- Démotivation.
- Anxiété.
- Volonté de tout quitter.
Ayant également des conséquences sur votre cerveau :
- Perte de concentration.
- Oublis.
- Trou noir.
- Difficulté à suivre une conversation/réunion.
Engendrant des troubles :
- Du sommeil : difficulté à s’endormir, se réveiller en plein nuit, se réveiller fatigué(e).
- De l’alimentation : trop manger, pas assez ou mal s’alimenter.
Faire attention à ces différents signaux d’alertes de vos pensées, de votre corps, de vos comportements, permet de prendre conscience qu’un changement est à opérer. Modifier vos attitudes devient nécessaire si vous souhaitez que la situation change et s’améliore avant d’atteindre vos limites.
Impact de votre personnalité et de votre environnement sur votre épuisement
Votre personnalité peut être un facteur favorisant le burn-out ou la charge mentale, lorsque vous êtes :
- Extrêmement rigoureux, perfectionniste.
- Exigeant(e) envers vous-même.
- Motivé(e) par ce que vous faites sans compter vos heures.
- Compétent(e) et consciencieux.
- En attente de reconnaissance ou de validation d’autrui.
De même, votre environnement de travail peut augmenter le risque de burn-out :
- Surcharge de travail : volume de travail excessif, responsabilités trop nombreuses.
- Manque de contrôle sur votre travail : insuffisance de marge de manœuvre permettant de prendre des décisions, d’être flexible.
- Défaut de soutient de la part de votre hiérarchie et/ou de vos collègues, de communication ou de respect.
- Incertitude sur votre avenir professionnel : changement de responsable/manager, réorganisation de direction/services, restructuration d’une entreprise.
- Environnement bruyant : open-space, bruit de machines, classes d’école surchargée…
Toutes ces situations ont comme facteur commun d’augmenter votre stress et votre épuisement.
La responsabilité de votre mal-être repose principalement sur votre environnement de travail et/ou environnement familiale (évoqué plus haut).
Toutefois, une part non négligeable relève de votre propre responsabilité. En effet, nier ce qui vous arrive et négliger de prendre soin de vous, amplifie le phénomène. Prendre soin de soi passe aussi par connaître ses limites et écouter les signaux de son corps.
Ces émotions perturbantes en plus du stress et de l’épuisement ressenti
Les émotions que vous ressentez, dans cette période de stress et d’épuisement, sont désagréables. Alors, il est logique de vouloir les éviter. Toutefois, ces émotions déplaisantes ont un rôle à jouer. Elles sont des indicateurs qu’il est précieux d’écouter.
Vous pouvez avoir peur des reproches, de décevoir, de pas être à la hauteur. Vous pouvez ressentir de la tristesse de toucher vos limites, de ne pas assurer comme vous le souhaiteriez. Ou alors, vous êtes en colère vis-à-vis des autres qui en demande trop ou vis-à-vis de vous-même.
C’est normal de ressentir cela. Ces émotions sont là pour vous dire de vous protéger, d’accepter de ne pas pouvoir tout contrôler, de renoncer à certaines choses, de mettre vos limites.
Elles sont là pour vous préparer à passer à l’action. Vous autoriser à faire autrement, en posant les changements nécessaires à votre rétablissement. Par ricochet, des modifications interviendront sur votre environnement de travail et/ou familiale favorables à votre bien-être.
Quelles sont les solutions possibles pour sortir du burn-out ou de la charge mentale ?
1) Ralentir et déléguer
Que ce soit pour le burn-out ou la charge mentale, ralentir est la première solution à mettre en œuvre. Pour cela voici quelques idées permettant d’y parvenir :
- Lister toutes les choses que vous faites puis regarder :
– Celles que vous pouvez confier à quelqu’un d’autre. Au travail : à des collègues, à un autre service, à un prestataire. A la maison : au conjoint, enfants, amis, grands-parents, tiers extérieur comme une femme de ménage par exemple.
– Celles que vous pouvez faire moins souvent.
– Celles que vous pouvez supprimer en abaissant votre niveau d’exigence.
– Celles que vous pouvez faire moins parfaitement.
- Identifier toutes les choses que vous devez faire puis reposez-vous les mêmes questions que ci-dessus.
- Déléguer en acceptant que ça ne soit pas fait comme vous l’auriez fait. Vous aurez peut-être de bonnes surprises.
- Montrer ce que vous faites : et oui, vous faites beaucoup de choses sans en parler alors maintenant dites-le.
- Réserver du temps pour des activités personnelles que vous aimez, qui vous repose et vous ressource (exemples : marcher, courir, danser, lire, écouter de la musique, dessiner, prendre un bain…).
- Commencer à savoir dire « non » à certaines sollicitations pour pouvoir dire « oui » à vos propres besoins.
- Reposez-vous. Ne rien faire, est également vital pour le bon fonctionnement de votre cerveau. Alors éteignez votre smartphone durant votre repos.
Vous avez compris, déléguez, soyez moins exigeant envers vous-même et prenez enfin soin de vous.
Gardez à l’esprit que les gens (employeur, équipe, entourage familiale, amis…), revoient leurs priorités et leurs urgences quand vous devenez moins disponible 24 heures sur 24. Sur ce point-là, vous avez une possibilité d’action.
2) Le repos, le repos et encore du repos
A trop vouloir dépenser votre énergie sans penser à en récupérer, vous finirez par ne plus en avoir. L’énergie est une ressource épuisable. Lorsque votre batterie est à plat, vous vous immobilisez, vous tombez.
Vous pensez à recharger les batteries de tous les appareils qui vous entourent, votre smartphone, votre ordinateur portable, votre voiture afin qu’ils soient opérationnels.
Alors pourquoi oubliez-vous de recharger votre propre batterie, d’en prendre soin ?
Pour les êtres humains, recharger les batteries passe par le sommeil. Contrairement à une idée reçue, dormir c’est du temps de gagné et de l’énergie retrouvée. Cela permet à notre corps de se ressourcer mais également à notre cerveau de réaliser correctement son travail. Pendant notre sommeil, le cerveau stocke, classe ou efface les informations de la journée. Notre cerveau fait le ménage de toutes ces données collectées lorsque nous dormons. Sans sommeil de qualité, pas de ménage. Pas de ménage, pas de cerveau opérationnel. Alors dormez !!
Pour Conclure
Le burn-out et/ou la charge mentale parentale nécessitent d’être approchés de façon entièrement personnalisée. Bien que l’on retrouve beaucoup de symptômes et comportements communs, chaque cas est différent. Il est important de regarder où se situe la personne dans le processus d’épuisement. Il est également essentiel d’identifier les mécanismes qui l’ont amené à cette situation afin d’éviter de les reproduire dans le futur.
L’acceptation est le mot clé, déclencheur de la guérison. Accepter d’être en burn-out ou en surcharge mentale. Accepter que ce soit trop, d’être vulnérable, de demander de l’aide. Accepter d’en parler.
Les avis et les conseils de vos proches, amis, collègues n’y feront rien, tant que l’acceptation est absente.
La seule personne pouvant pousser la porte d’un professionnel pour être accompagnée dans ce qui est difficile à vivre, c’est vous. Ensuite, admettre la nécessité du repos permettra d’entrer dans le processus de guérison et de changement.